Vanessa, qui date de 1958, est crée en France dans une production en tous points convaincante (…) mis en scène avec un sens toujours en alerte de l’authenticité des sentiments
Le purgatoire semble toucher à sa fin pour Samuel Barber (1910-1981). Aujourd’hui, le premier des opéras qu’il a composés, Vanessa, qui date de 1958, est crée en France dans une production en tous points convaincante (…). Le grand mérite de Danielle Ory est d’avoir rassemblé une distribution de jeunes artistes, aussi convaincants comme chanteurs que comme acteurs, et de les avoir mis en scène avec un sens toujours en alerte de l’authenticité des sentiments (…). Dans une dominante rouge, qui évoque « Cris et Chuchotement » d’Ingmar Bergman, les décors de Philippe Fraisse sont d ‘une élégance riche de suggestion, tous comme les costumes flatteurs d’Arthur Aballain et les subtils éclairages de Marion Hewlet.
Les rapports étranges qui se tissent entre les personnages sont dessinés avec précision, la direction d’acteurs est sobre et efficace (...) Souhaitons que ce succès donne à d’autres théâtres l’idée de remonter régulièrement Vanessa, l’ouvrage le mérite
C’est le discret Opéra - Théâtre de Metz qui vient d’assurer la création française de l’ouvrage. Le livret, écrit par Menotti, est efficace et d’un romantisme poignant. C’est Danielle Ory qui signe la mise en scène avec un parti de lisibilité apprécié. Les rapports étranges qui se tissent entre les personnages sont dessinés avec précision, la direction d’acteurs est sobre et efficace. Les décors -superbes- sont dus au talentueux Philippe Fraisse, et créent une atmosphère qui évoque les films de Bergmann. On pense inévitablement à « Sonate d’automne » (…).Souhaitons que ce succès donne à d’autres théâtres l’idée de remonter régulièrement Vanessa, l’ouvrage le mérite.
Danielle Ory qui s’était déjà frotté aux productions lourdes de Pélleas et Mélisande, de Don Carlo et surtout de Lulu, maintient le cap et met en situation ses personnages, dont elle calque la perspective sur les postures du théâtre parlé (...) Très forte dans l’appréhension des situations intimistes et souvent tendues, voire oppressantes, elle les transpose au théâtre lyrique avec beaucoup de feeling.
Danielle Ory, dont les connaissances en sciences humaines et en sociologie lui servent aujourd’hui à sonder les cœurs et les âmes, et plus spécialement ceux et celles des femmes, focalise en effet sa mise en scène, assez peu sur le butinant Anatol, mais bien sur cette insondable « triangulaire » formée par Vanessa, Erika et la vieille baronne. Trois personnages a l’unique destinée ? Trois figures, en tout cas, figées dans une attente qui oscille entre le bonheur factice de l’une, l’espérance déçue de l’autre, qui en nourrira frustrations et finalement culpabilisera avant de se résigner au renoncement, et le silence interrogateur de la troisième. Danielle Ory qui s’était déjà frotté aux productions lourdes de Pélleas et Mélisande, de Don Carlo et surtout de Lulu, maintient le cap et met en situation ses personnages, dont elle calque la perspective sur les postures du théâtre parlé. Elle se souvient aussi des films du suédois Ingmar Bergmann, dont elle épouse les mouvements de scène. La pièce étant un « huis clos », comme le sont généralement les drames psychologiques, elle recrée une atmosphère proche du Tchékov de « La Cerisaie ». Très forte dans l’appréhension des situations intimistes et souvent tendues, voire oppressantes, elle les transpose au théâtre lyrique avec beaucoup de feeling.