Le talent de chacun est mis en évidence. Danielle Ory règle une mise en scène très animée, où les icônes du passé, sont restituées dans leur légende, mais avec une légère distanciation qui est la marque de l’humour.
Jackie O s’ouvre sur une fête donnée par Andy Warhol à la Factory. Tout de suite, on a l’impression d’être transporté à Broadway : chanteurs et danseurs portent les costumes d’époque les plus kitsch, on reconnaît autour de Warhol, Elisabeth Taylor, Cléopâtre dans son bain de mousse, et la Princesse Grace, dans une somptueuse robe rose. Elvis Presley croise Salvador Dali, tout le monde chante et danse, des paparazzi volant dans le ciel immortalisent la scène. Quand ces derniers reviennent, ils sont incarnés par des danseurs de claquette, qui martèlent un discours de John Kennedy : une manière de dire qu’en Amérique, le show-business et la politique entretiennent des liaisons dangereuses (…). Mais le drame de Jackie, c’est qu’elle doit incarner les fantasmes du monde entier. Elisabeth Taylor, la Princesse Grace et Maria Callas, elles aussi sont des icônes ; du moins ont-elles les films et les opéras comme intercesseurs entre elles et le public avide. C’est un des thèmes de Jackie O : la distorsion entre le public et le privé, la réalité et le rêve, le présent et le passé (…). Toute une époque, à la fois lointaine et proche, où l’utopie fut vivante avant d’être abattue, revit dans ce spectacle, où le talent de chacun est mis en évidence. Danielle Ory règle une mise en scène très animée, où les icônes du passé, sont restituées dans leur légende, mais avec une légère distanciation qui est la marque de l’humour.
Les spectateurs se pressaient ce samedi soir à la première représentation en France de Jackie O (…) maintient son souci d’ouverture du lieu à un large public, pour faire découvrir au monde l’opéra, notamment aux jeunes ; cela demeure l’un de ses chevaux de bataille. Force est de noter la présence juvénile, l’opéra de Daugherty incorpore tous les ingrédients pour attirer au-delà des initiés (...) Liz Taylor, grimée en Cléopâtre, y prend son bain. La princesse Grace Kelly trône dans les parages (...) Warhol filme le moindre détail (...) grec Aristote Onassis, en compagnie de la diva Maria Callas, fait son entrée
Les spectateurs se pressaient ce samedi soir à la première représentation en France de Jackie O (…). Danielle Ory, qui préside les destinées scéniques de l’opéra théâtre depuis 1991, maintient son souci d’ouverture du lieu à un large public, pour faire découvrir au monde l’opéra, notamment aux jeunes ; cela demeure l’un de ses chevaux de bataille. Force est de noter la présence juvénile, l’opéra de Daugherty incorpore tous les ingrédients pour attirer au-delà des initiés : des personnages de la jet-set, des airs jazzy et de blues harmonieusement mélangés à des mélopées rock’n’roll. Si les années soixante sont caractérisées par un voile d’insouciance générale, conjuguée à une frénésie de consommation, un drame se déroule dans la vie de l’une des figures les plus médiatisées de l’époque. Jacqueline Bouvier-Kennedy-Onassis reste une femme publique, adulée et photographiée. Ce destin, au croisement de familles célébrissimes, marqua de son empreinte la vie publique. L’opéra s’ouvre sur un portrait peint de Jackie sur le rideau de la scène. Un enregistrement radiophonique des déclarations de la première dame introduit le sujet. Elle répond aux lettres de soutien qu’elle a reçu depuis la mort de JFK. Ce drame en deux actes débute par un happening donné chez Andy Warhol, le pape du pop art. Une boîte de soupe Campbell, un baril de lessive Brillo, des cartons de ketchup Heitz, immortalisés par les sérigraphies de l’artiste, trônent sur la scène. Soudain, la boîte s’ouvre. Liz Taylor, grimée en Cléopâtre, y prend son bain. La princesse Grace Kelly trône dans les parages. Fidèle à son habitude, Warhol filme le moindre détail. Dans sa Factory légendaire, il aime à procéder ainsi. Outre la star d’Hollywood l’armateur grec Aristote Onassis, en compagnie de la diva Maria Callas, fait son entrée. Quelques minutes après, il propose à Jackie de voir un film et la soustrait à cette soirée mondaine. Cinq ans après l’assassinat du président Kennedy, la blessure reste ouverte. Jackie souffre et se lamente. Dans le deuxième acte, un an plus tard, Jackie, invitée du séducteur milliardaire hellène, se repose sur son yacht Christina. Elle fait la rencontre de Maria Callas à Skorpios ; confidences réciproques. Les paparazzi font irruption. Maria est ravie et Jackie incommodée. Jackie entre en contact avec l’au-delà, JFK. Ils évoquent la nostalgie de leur vie passée. Elle décide alors de rentrer au bercail pour retrouver ses ouailles. Les paroles ressassées, comme les musiques, rappellent ce précepte de Sophocle : « la répétition est l’essence même de la tragédie ». Dont acte.